Posts Tagged ‘AVR’

Bon, j’espère que mon précédent billet vous aura permis de comprendre un peu comment fonctionnait la programmation avr.Il reste néanmoins encore de nombreux points qui pourraient êtres abordés, je voulais vous en présenter encore au moins 2 : les timers et les interruptions. Une fois ces deux points maîtrisés, vous serez capable déjà pas mal de petites choses avec vos microcontrolleurs.

Aujourd’hui : Les timers

Comme son nom peut vous laisser le deviner, un timer sert à comptabiliser le temps écoulé. Son principal intéret réside dans le fait que son exécution se déroule en parallèle du programme principal. Votre timer ne sera donc pas affecté par le nombre de d’instructions de votre programme.
Il est bien sur possible pour le programme principal d’interroger le timer, mais il est également possible de configurer le timer pour renvoyer une valeur directement sur une pin matérielle.
Avant d’aller plus loin sur la mise en place d’un timer, il nous faut aborder la notion de pré-scaller. En effet, si notre timer fonctionnait uniquement à la vitesse de l’horloge, nous serions assez rapidement embêté : à 1MHz, par exemple, un signal de 1mS correspondrait à 1000 cycles d’horloge, et pour un timer 8 bit tel que celui de notre ATTiny85, correspondrait à plus de 3 débordements de valeur. Autant dire que ce n’est pas très pratique.
C’est là qu’intervient le prescaler : il permet de faire fonctionner le timer à un sous-multiple de la fréquence d’origine, en divisant la fréquence par 8, 64, 256, 1024. Bien sur, en utilisant le préscaler, on diminue la résolution, il faut donc l’utiliser à bon escient.

Voyons maintenant ça en pratique : faire clignoter une led, mais sans utiliser les fonctions _delay_ms. La led est connectée sur le port PB1 (pin 6 de l’Attiny85). On veut faire changer l’état de notre Led dix fois par seconde. A 1MHz, il faudrait compter jusqu’à…. 100000, ce qui n’est pas directement possible avec notre registre 8 bits. Nous allons donc utiliser le prescaler, en divisant l’horloge par 1024 : 100000/1024 = 97.65, donc ça rentre.

# include <avr/io.h>
int main ( void )
{
DDRB |= (1 << PORTB1) ; //On configure PB1 en tant que sortie
//Todo : Configuration du timer avec prescaler de 1024
    for(;;)
    [
      if()//On vérifie si le timer a atteint un dixieme de seconde
      {
       PORTB ^= (1 << 0) ;//On inverse l'état de la led
       //on réinitialise le timer
       }
    }
}
TCCR0B
Clksrc

La datasheet nous indique que les bits permettant de régler le timer sont les bits CS00 à CS02, le tableau suivant nous expliquant les valeurs à donner en fonction de la configuration voulue.

Dans notre cas, nous voulons un prescaler de 1/64, il faut donc passer les bits CS00 et CS01 à 1, ce qui nous donne :

#include <avr/io.h>
int main ( void )
{
DDRB |= (1 << PORTB1) ; //On configure PB1 en tant que sortie
TCCR0B |= (1 << CS00) | (1<<CS02); //Set up timer1 with prescaler 1/1024
    for(;;)
    [
      if()//On vérifie si le timer a atteint un dixieme de seconde
      {
       PORTB ^= (1 << 0) ;//On inverse l'état de la led
       //on réinitialise le timer
       }
    }
}

Il ne nous reste plus qu’à lire notre timer, pour savoir s’il dépasse 97, et, si c’est le cas, inverser l’état de notre led, et réinitialiser le timer. Ces opérations se font via le Time Counter Register, à savoit TCNT0 sur notre ATTiny85 (il peut y en avoir plus d’un selon votre microcontrolleur). Selon la datasheet toujours, ce registre est accessible en lecture/écriture, ce qui nous permettra la lecture, mais aussi sa remise à Zero. Voici ce que nous donne le code :

#include <avr/io.h>

int main ( void )
{
DDRB |= (1 << PORTB1) ; //On configure PB1 en tant que sortie
TCCR0B |= (1 << CS00) | (1<<CS01); //Set up timer1 with prescaler 1/1024
    for(;;)
    [
      if(TCNT0>=97)//On vérifie si le timer a atteint un dixieme de seconde
      {
       PORTB ^= (1 << 0) ;//On inverse l'état de la led
       TCNT0 = 0;//on réinitialise le timer
       }
    }
}




A bientôt pour la dernière session : les interruptions.

–edit–
L’article a été mis à jour suite à des erreurs qui m’avaient été signalé. N’hésitez pas si vous en trouvez d’autres 😉

Ok, trois articles sur le sujet ça peut paraître court, mais ça constitue déjà une bonne introduction, qui devrais vous permettre d’envisager la suite par vous-même. Nous allons aujourd’hui nous pencher sur un autre élément essentiel de la programmation avr :

Les interruptions

Imaginez que vous êtes en train de souder un circuit quand tout à coups la sonnette de votre porte d’entrée résonne. Vous pouvez arrêter ce que vous étiez en train de faire (mais rien ne vous y oblige), aller répondre, et revenir à vos soudures. Et c’est exactement comme ça que se passe une interruption dans le monde informatique, ici représentée par la sonnette.

Les interruptions peuvent être matérielles (changement d’état d’une broche, timer qui arrive à une certaine valeur), ou logicielles, et le nombre d’interruption disponibles dépend du modèle d’avr.
Les différentes interruptions disponibles sur votre microcontrolleur sont visibles sur la table des vecteurs d’interruptions de la datasheet (ici, je suis toujours sur l’Attiny85)

Vecteurs d’interruption

Lorsqu’une interruption se produit, l’avr stoppe ce qu’il était en train de faire pour exécuter  la fonction que vous souhaitiez rattacher à cette interruption. Pour ce faire, il utilise une table des vecteurs d’interruption, positionnée au début de sa mémoire flash, afin de faire la correspondance Interruption <–> fonction.

Afin d’utiliser une interruption sur notre avr, nous avons besoin de faire 3 choses :

  • Positionner le bit Enable Interrupt (en général avec la fonction sei(), set global interrupt, mais peut aussi être positionné à la main)
  • Positionner les bits de chaque interruption.
  • et enfin remplir la condition de l’interruption.

Comme d’habitude, nous allons voir ensemble un petit exemple. Ce programme servira à compter les impulsions reçues sur la pin 5 de l’Attiny85. Lorsqu’il arrivera à 200 ou plus, il allumera une led sur la pin 6. Les impulsions pourront être crées avec un bouton poussoir (attention au debounce) ou un générateur de signal.

#include <avr/io.h>
#include <avr/interrupt.h>

//	   ___
//  PB5  *|+  |*  VCC
//  PB3  *|   |*  PB2
//  PB4  *|   |*  PB1   --> sortie led
//  GND  *|___|*  PB0   --> entrée surveillée
//

volatile int count = 0; //compte des interrupts


int main(void)
{
	//configuration de la pin de sortie
	//configuration des interruptions
		//Positionnement du Global Interrupt MaSK register
		//Positionnement du Pin Change Mask Register
		//mise en place des interrupts (set global interrupts)

	for(;;)
	{
		
		
		//Si on a eu 200 impulsions ou plus
		{
			//on alume la led
		}
		//sinon
		{
			//On éteind la led
		}
	}
}


ISR (PCINT0_vect) { //vecteur d'interruption
	// detection de front montant
	{  
		//on ajoute 1 au décompte
	}
	//detection de front descendant
	{
		//ici on ne fais rien, juste pour l'exemple...
	}
} 

Voilà, déjà, on peut remarquer en fin de code la façon dont est définie le vecteur d’interruption. Un autre détail à remarquer est la déclaration de ma variable count. Cette variable étant utilisée à la fois par mon programme principal et par ma fonction, il est impératif de la déclarer en volatil, sous peine de ne jamais la voir s’incrémenter.
Voyons voir maintenant comment déclarer nos interruptions (encore une fois, les valeurs des bits sont tirés de la datasheet, cf page 53, chapitre 9.3.2) :

#include <avr/io.h>
#include <avr/interrupt.h>

//	   ___
//  PB5  *|+  |*  VCC
//  PB3  *|   |*  PB2
//  PB4  *|   |*  PB1   --> sortie led
//  GND  *|___|*  PB0   --> entrée surveillée
//

volatile int count = 0; //compte des interrupts


int main(void)
{
	//configuration de la pin de sortie
	//configuration des interruptions
		//Positionnement du Global Interrupt MaSK register
                GIMSK |= (1 << PCIE); 	//Enable pin change interrupt for PORTB 
		    		        //GIMSK = General Interrupt Mask Register
				        //PCIE = Pin Change Interrupt Enable
		//Positionnement du Pin Change Mask Register
                PCMSK = (1 << PB0);  	//Enable pin change interrupt for PB0 (pcint0)
		  		        //PCMSK = Pin Change Mask Register
		//mise en place des interrupts (set global interrupts)
                sei();

	for(;;)
	{
		
		
		//Si on a eu 200 impulsions ou plus
		{
			//on alume la led
		}
		//sinon
		{
			//On éteind la led
		}
	}
}


ISR (PCINT0_vect) { //vecteur d'interruption
	// detection de front montant
	{  
		//on ajoute 1 au décompte
	}
	//detection de front descendant
	{
		//ici on ne fais rien, juste pour l'exemple...
	}
} 

Quelques petites explications complémentaires s’imposent ici. J’ai décidé de dédier une pin de mon Attiny85 à la surveillance du signal d’entrée, j’ai donc utilisé les Pin Change Interrupt. Mais si j’avais voulu utiliser ma broche pour d’autres choses en parallèle, j’aurais du utiliser les External Interrupt Request (donc positionner le bit INT0 au lieu de PCIE). Il faut également noter que par défaut, une interruption ne peut en interrompre une autre (comprendre : les interruptions sont désactivées le temps du traitement du vecteur d’interruption actuel). Il est cependant possible (mais pas franchement recommandé) de les réactiver en réutilisant sei() à l’intérieur de la déclaration du vecteur d’interruption. De la même manière, si vous souhaitez qu’une portion de votre code ne soit interrompue sous aucun prétexte, vous pouvez utiliser la fonction cei().
Voici maintenant le code complet :

#include <avr/io.h>
#include <avr/interrupt.h>

//	   ___
//  PB5  *|+  |*  VCC
//  PB3  *|   |*  PB2
//  PB4  *|   |*  PB1 
//  GND  *|___|*  PB0   --> entrée surveillée
//

volatile int count = 0; //compte des interrupts


int main(void)
{
	//configuration de la pin de sortie
	DDRB |= (1 << PORTB1); 	//on configure PB1 en tant que sortie
				//DDRB = Port B Data Direction Register

	//configuration des interruptions
	GIMSK |= (1 << PCIE); 	//Enable pin change interrupt for PORTB 
				//GIMSK = General Interrupt Mask Register
				//PCIE = Pin Change Interrupt Enable

	PCMSK = (1 << PB0);  	//Enable pin change interrupt for PB0 (pcint0)
				//PCMSK = Pin Change Mask Register

	sei(); //mise en place des interrupts (set global interrupts)

	for(;;)
	{
		
		
		if(count>=200) //Si on a eu 200 impulsions ou plus
		{
			PORTB |= (1 << PB1);
		}
		else
		{
			PORTB &= ~(1<<PB1);
		}
	}
}


ISR (PCINT0_vect) { //vecteur d'interruption
	if (PINB & (1<<PB0)) // detection de front montant
	{  
		count = count++;
	}
	else //detection de front descendant
	{
		//ici on ne fais rien, juste pour l'exemple...
	}
} 

Bon, passons sur les modifications d’état de la led, déjà abordées auparavant. Il est ici intéressant de noter comment se fait la détection d’un front montant ou descendant : à la suite d’un changement d’état, on lit l’état de la pin PB0, si elle est à l’état haut c’était un front montant, sinon, un front descendant.
Voilà, c’était le dernier article de cette série, qui sera suivi très bientôt d’une application concrète 🙂

Bon, si je me suis embêté à vous pondre une série d’articles sur la programmation AVR, c’est que j’avais une petite idée derrière la tête. En l’occurrence, j’avais besoin de pouvoir couper une alimentation embarquée dans un avion RC, bien sûr à distance.
L’idée était donc de réaliser un petit périphérique qui se connecte comme un servo-moteur standard de modélisme, mais qui active un relais en fonction de la valeur.

Déjà, il est important de savoir à quoi ressemble les signaux transmis par le récepteur RC aux servos :

Credit : http://nononux.free.fr

Bon, il s’agit d’une sorte de PWM, mais avec un champs très limité car allant de 5 à 10% de la valeur. Dans mon cas, je ne suis intéressé que par 2 cas : On ou Off. Je décide donc de couper à 50%, de manière à pouvoir utiliser le manche des gaz en guise d’interrupteur : de 0 à 50% je suis Off, de 50% à 100% je suis On.
A partir de là, il y a plusieurs façons de voir les choses : il est possible de régler ça en analogique pur, mais j’avais peur que ce soit trop sensible aux éventuelles perturbations. (Et dans mon cas, je préférerais que ce ne soit pas sensible 😉 ). Je suis donc partis sur la solution numérique pour traiter les impulsions.
Comme c’est pour embarquer dans un avion RC, il ne faut pas que ce soit lourd, donc j’ai choisi le micro-controlleur le plus petit possible, à savoir l’AtTiny85, que vous devez bien connaître désormais (voir ici, ici et ici), et qui plus est dans sa version CMS.

Le sch

Comme vous pouvez le constater sur le schéma ci-dessus, la partie électronique est réduite au strict minimum : Un régulateur de tension, pour fournir le 5v nécessaire à tout l’appareillage (servos, récepteur, etc…) dans le cas où l’on ne dispose pas de BEC (par exemple s’il n’y a pas de moteur). L’AtTiny85 dans sa configuration la plus simple (oscillateur interne), un mosfet pour piloter le relais, et le relais en lui même, petit relais 5v, capable de couper 175W quand même.
Le circuit a été réalisé sur un PCB de 0.8mm d’épaisseur, de manière, là encore à gagner du poids.

Vous l’aurez donc compris, dans ce montage, c’est le code qui fait tout le travail :

#include <avr/io.h>
#include <avr/interrupt.h>

//	   ___
//  PB5  *|+  |*  VCC
//  PB3  *|   |*  PB2
//  PB4  *|   |*  PB1   --> declenchement relais
//  GND  *|___|*  PB0   --> entrée PWM
//

volatile int count = 0; //le rapport cyclique
volatile int toff = 0;  //durée du signal à 0
volatile int ton = 0;	//durée du signal haut

int main(void)
{
	//configuration de la pin de sortie
	DDRB |= (1 << PORTB1); 	//on configure PB1 en tant que sortie
				//DDRB = Port B Data Direction Register

	//configuration du timer1 (Ton)
	TCCR0B |= (1 << CS00) | (1<<CS02); 	//Set up timer1 with prescaler 1/1024

	//configuration des interruptions
	GIMSK |= (1 << PCIE); 	//Enable pin change interrupt for PORTB 
				//GIMSK = General Interrupt Mask Register
				//PCIE = Pin Change Interrupt Enable

	PCMSK = (1 << PB0);  	//Enable pin change interrupt for PB0 (pcint0)
				//PCMSK = Pin Change Mask Register

	sei(); //mise en place des interrupts (set global interrupts)

	for(;;)
	{

		if(count>=7.5) //Si le rapport cyclique est > à 7 (Ton ~1.5ms)
		{
			PORTB |= (1 << PB1);
		}
		else
		{
			PORTB &= ~(1<<PB1);
		}
	}
}

ISR (PCINT0_vect) { //vecteur d'interruption
	if (PINB & (1<<PB0)) // detection de front montant
	{  

		toff = TCNT0; 	//Enregistrement de la valeur du timer Toff
		TCNT0 = 0;	//Réinitialisation du timer
	}
	else //detection de front descendant
	{
		ton = TCNT0;	//Enregistrement de la valeur du timer Ton
		TCNT0 = 0;	//Réinitialisation du timer
		if(toff)	//si on a déjà une valeur pour Toff
		{
			count = (ton*100L)/(ton+toff); //Le rapport cyclique = ton/(Ton+toff)
		}		
	}
}
Voilà, il ne reste donc plus qu’à assembler tout ça, et à tester :

Le montage avec une led pour tester.

La chaîne complète, avec le récepteur

Et histoire de vérifier que tout fonctionne, une petite vidéo :

Voilà, un nouvel article prochainement pour vous faire voir l’utilisation réelle du bidule 😉
Ps : c’est un kit que vous retrouverez sur la boutique